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September 1, 2016

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Expéditeur : Ben Dachis

Destinataire : L’honorable Jim Carr, ministre des Richesses naturelles

Date : 1er septembre 2016

Objet : Dans quelle mesure un nouveau pipeline a-t-il réduit la dépendance du Canada sur le pétrole étranger?

Les nouveaux pipelines pourraient-ils faire en sorte que le Canada consomme moins de pétrole étranger? Les dernières indications de l’inversion et de l’expansion de la capacité récentes de la ligne 9 d’Enbridge, qui va du Michigan à Montréal, semblent indiquer que le Québec a réduit sa dépendance sur le pétrole étranger après avoir obtenu accès à des sources canadiennes.

La figure ci-dessous présente la moyenne mobile sur trois mois des sources de pétrole brut aux raffineries du Québec. Jusqu’en janvier 2015, le seul pétrole canadien qui arrivait au Québec provenait de l’Est du Canada. Du pétrole de l’Ouest canadien a commencé à arriver à cette date, probablement par chemin de fer. Le pétrole étranger fournissait environ 85 % du pétrole arrivant aux raffineries.

En novembre 2015, la ligne 9 d’Enbridge a commencé à desservir la région de Montréal, inversant le débit des années précédentes. Le pétrole canadien a commencé à supplanter le pétrole étranger baril pour baril, car la demande totale des raffineries québécoises n’a pas changé. Au printemps 2016, pour la première fois, les raffineries du Québec ont reçu davantage de pétrole de sources canadiennes que de pétrole de sources étrangères.

La flambée des importations en mai 2016 était peut-être attribuable aux feux de forêt qui ont interrompu la production dans une grande partie des sables bitumineux de l’Alberta. Nous verrons au cours des prochains mois si les importations de pétrole tiennent le coup. D’autres expansions de pipelines n’auront pas le même effet. Toutefois, les indications jusqu’à maintenant sont claires : l’effet des expansions récentes des pipelines visant à desservir l’Est du Canada a probablement été de remplacer le pétrole importé par du pétrole canadien.

Les gouvernements ne devraient pas nécessairement accorder la priorité au pétrole canadien par rapport aux importations pour les consommateurs canadiens. Toutefois, dans la mesure où l’utilisation de pétrole canadien plutôt que de pétrole étranger est avantageuse pour le Canada, les pipelines récemment construits se sont avérés utiles. Votre gouvernement devrait garder cette information en tête lors de l’examen des demandes de pipeline qui vous ont été présentées.

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Source : calculs de l’auteur à partir du tableau 134-0001 du CANSIM. Remarque : quelques hypothèses ont été nécessaires pour calculer les importations de pétrole du Québec illustrées dans le tableau ci-dessus, car Statistique Canada supprime certaines données. La suppression de données protège les données lorsque les niveaux globaux sont peu élevés ou dominés par une seule entreprise. D’abord, je prends pour hypothèse que l’importance de toute donnée supprimée sur les importations mensuelles de source autre que les États-Unis était négligeable. Deuxièmement, Statistique Canada ne déclare les importations du Québec en provenance des États-Unis, surtout par chemin de fer, que pendant quelques mois. Pendant les mois où Statistique Canada présente des données, le Québec était la destination d’environ 60 % du pétrole importé en provenance des États-Unis par les raffineries canadiennes. Je prends donc pour hypothèse que le Québec a reçu 60 % de la totalité du pétrole américain à destination du Canada. Troisièmement, Statistique Canada supprime également quelques mois pour les importations totales des États-Unis vers le Canada. Je prends pour hypothèse que les mois supprimés correspondent à une moyenne des mois adjacents pour lesquels Statistique Canada déclare des données. Les exportations de pétrole canadien par chemin de fer sont uniformes d’un mois à l’autre. Il est probable que les importations le soient également. Cette méthode s’harmonise de près avec l’approvisionnement total des raffineries du Québec.

 

Benjamin Dachis est codirecteur de la recherche à l’Institut C.D. Howe.

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