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Si la théorie économique est validée, il y aura un point où le taux sans risque réel dépassera de nouveau le rythme de la croissance réelle de la production par tête.

Le 7 octobre 2015 — Les épargnants et les caisses de retraite doivent faire face à des rendements futurs inférieurs sur leurs investissements, affirme une nouvelle étude d’Institut C.D. Howe. Dans « Un pour cent? Vraiment? Ce que la théorie économique moderne laisse présager quant au rendement futur des investissements », les auteurs Steve Ambler et Craig Alexander prédisent un rendement réel sans risque des investissements, tels les bons du Trésor, d’environ 1 pour cent à long terme, servant à ancrer les attentes relatives au rendement d’autres actifs financiers, tels les obligations d’épargne et les capitaux propres.

« La théorie de la croissance économique sous-entend que le niveau du taux de rendement sans risque réel devrait être supérieur au taux moyen de croissance de la production par tête sur une période de plusieurs décennies », affirme Ambler. « Autrement dit, elle établit un seuil à long terme pour les rendements des investissements sans risque ».

Dans le contexte canadien, l’influence d’une population vieillissante devrait faire baisser le taux de croissance du revenu réel par tête à un rythme annuel moyen se situant entre 0,75 % et 1,35 % au cours des vingt prochaines années. Si le seuil est la limite inférieure de cette plage, cela sous-entend que les rendements réels sur les investissements sans risque ne seraient que d’environ 1 %.

Selon Craig Alexander, « les taux d’intérêt sans risque réels à long terme devraient être supérieurs au taux de croissance réel par tête. Pour cette raison, le taux sans risque au Canada se situerait entre 1 et 2 %, et les changements structurels dans l’économie favoriseraient la partie inférieure de cette plage ». Si l’on suppose que la Banque du Canada maintient son objectif d’inflation à 2 %, le niveau nominal de son taux de financement à un jour et le rendement des bons du Trésor à trois mois devraient retourner à 3 %. « À l’heure actuelle, les gestionnaires de caisses de retraite seraient ravis d’obtenir un tel rendement sur des actifs liquides et souverains de qualité, et il peut sembler étrange de discuter d’un taux d’intérêt aussi élevé dans l’environnement actuel. Néanmoins, l’horizon des investisseurs à long terme, comme les caisses de retraite, s’établit sur plusieurs décennies, et l’analyse nous dit qu’ils doivent se préparer pour des rendements plus faibles que par le passé ».

Le cœur de la question est de savoir si la « stagnation séculaire » — ce qui impliquerait que la faiblesse de l’économie et l’incapacité des faibles taux d’intérêt de stimuler l’économie sont le résultat d’un changement économique fondamental — persistera au cours des futures décennies. Dans un tel cas, la croissance économique pourrait être plus faible que généralement anticipée, ce qui impliquerait un taux sans risque encore plus faible dans le long terme.

« Si la théorie économique est validée, il y aura un point où le taux sans risque réel dépassera de nouveau le rythme de la croissance réelle de la production par tête », conclurent les auteurs. Lorsque cela se produira, le niveau d’équilibre des taux sans risque restera inférieur à ses valeurs historiques, ce qui correspond aux attentes que l’économie canadienne ne voie qu’une croissance économique réelle tendancielle modeste, en partie le résultat des répercussions du changement démographique.

Pour lire le rapport, cliquez ici.

L’Institut C. D. Howe est un institut de recherche indépendant à but non lucratif dont la mission est d’élever le niveau de vie en favorisant l’adoption de politiques publiques saines sur le plan économique. L’Institut est une source indispensable de savoir en matière de politiques au Canada; il se distingue par sa recherche non partisane, fondée sur des preuves et revue systématiquement par un groupe d’experts. Nombreux sont ceux qui le considèrent comme le plus influent centre de recherche au Canada.

Pour en savoir plus, veuillez prendre contact avec : Steve Ambler, titulaire de la chaire David Dodge en politique monétaire à l’Institut C.D. Howe et professeur dans le département d’économie de l’Université du Québec à Montréal; ou Craig Alexander, vice-président, analyse économique, Institut C.D. Howe; 416-865-1904, ou courriel : amcbrien@cdhowe.org.