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L' automatisation ne pose pas de scénario de fin du monde pour les emplois au Canada

Le 16 mars 2017 - L' automatisation ne pose pas de scénario de fin du monde pour les emplois au Canada,  suggère un nouveau rapport de l’Institut C.D. Howe. Dans « Le choc du futur? Les répercussions de l'automatisation sur le marché du travail au Canada », les auteurs Matthia Oschinski et Rosalie Wyonch estiment qu'un changement radical dans l'emploi au Canada dû à l'automatisation est peu probable dans un avenir proche,  bien que certains secteurs d’activités et des professions particulières connaîtront davantage de perturbations que d’autres.

Malgré les récentes allégations alarmistes selon lesquelles une grande partie de la main-d'œuvre canadienne sera bientôt au chômage, les auteurs mettent en garde les décideurs publics de ne pas paniquer. «Nous trouvons aucune preuve d'une menace imminente de chômage massif due à l'automatisation», explique Wyonch, ajoutant que «l'automatisation des tâches fait partie du processus naturel de l'innovation technologique et est un moteur nécessaire de la croissance économique. Le défi pour les décideurs publics est de créer un cadre de politiques qui supporte les travailleurs touchés et développe les compétences de la main-d'œuvre en demande.

Le rapport révèle que les tendances du marché du travail montrent un changement progressif vers des emplois qui exigent des niveaux de qualification plus élevés. «La nouvelle technologie ne rend pas les gens redondants. Plutôt, elle réduit la main-d'œuvre requise pour un niveau donné de production », affirme Oschinski. «Cela signifie que plus de biens peuvent être produits ou bien que les gens peuvent être réaffectés dans des secteurs qui autrement n'auraient pas été développés», ajoute-t-il. Ce processus, déjà en cours, peut être géré par des politiques qui encouragent la collaboration entre les institutions publiques et privées pour s'assurer que les travailleurs possèdent les compétences nécessaires face à un avenir technologique incertain. Ceux dont les qualifications ne sont plus en demandes devraient être aidés à obtenir les qualifications dont ils ont besoin afin de trouver un nouvel emploi.

Dans cet esprit, les auteurs tirent les conclusions suivantes:

  • Les emplois canadiens sont concentrés dans des secteurs d’activités où le risque d’automatisation est peu élevé. Les secteurs d’activités où moins du quart des emplois sont vulnérables à l’automatisation représentent 27,5 % du nombre total d’emplois (4,9 millions d’emplois). Les secteurs d’activités où plus des trois quarts des emplois présentent un risque élevé d’automatisation représentent que 1,7 % des emplois (310 000 emplois). Cela signifie que l’économie et la main-d’œuvre du Canada sont en bonne position pour s’adapter aux changements technologiques rapides.
  • Les professions axées sur la prise de décisions abstraites et complexes, orientées sur la créativité, la réflexion critique et l’entregent, présentent un risque relativement faible d’automatisation. Une augmentation de la demande pour ces compétences est probable à court et à moyen terme.
  • Il est très peu probable que les emplois dans des professions vulnérables à l’automatisation (35 % des emplois au Canada) soient complètement remplacés par des machines intelligentes au cours des prochaines années.
  • Au fur et à mesure que le rythme des progrès technologiques augmente et que la numérisation se répand dans différentes professions et différents secteurs d’activités, des compétences techniques spécifiques à un emploi pourraient devenir obsolètes rapidement. Il faut donc augmenter les possibilités de formation continue et d’apprentissage tout au long de la vie.

Les auteurs estiment que le Canada est bien placé pour relever les défis posés par l’accroissement de l’automatisation, notamment en s'appuyant sur la Subvention canadienne pour l'emploi qui aide les travailleurs en transition au cours de leur carrière professionnelle. La combinaison de solides institutions d'enseignement public, d'une main-d'œuvre hautement qualifiée et de politiques pour aider les travailleurs touchés pendant leur transition entre des emplois créent une base solide sur laquelle le Canada peut miser.

«En encourageant l'adoption de nouvelles technologies et en mettant en place un soutien adéquat pour les travailleurs, le Canada peut réduire à la fois les pénuries de compétences et le chômage technologique», concluent les auteurs.

Pour lire le rapport, cliquez ici.

L’Institut C. D. Howe est un institut de recherche indépendant à but non lucratif dont la mission est d’élever le niveau de vie en favorisant l’adoption de politiques publiques saines sur le plan économique. L’Institut est une source indispensable de savoir en matière de politiques au Canada; il se distingue par sa recherche non partisane, fondée sur des preuves et revue systématiquement par un groupe d’experts. Nombreux sont ceux qui le considèrent comme le plus influent centre de recherche au Canada.

Pour en savoir plus, veuillez prendre contact avec : Colin Busby, Directeur associé de Recherche, Institut C.D. Howe : 416-865-1904, ou courriel : amcbrien@cdhowe.org